Figures féminines
et imaginaire breton

Les Bretonnes auraient-elles un statut à part dans l’histoire des droits des femmes ? L’idée d’un “matriarcat breton” est bien ancrée dans les esprits : la région se caractériserait par ses femmes fortes, habituées à diriger le quotidien.

Un aperçu des figures féminines marquantes -imaginaires ou bien réelles- fournit des arguments faciles à cette analyse un brin cliché : une région qui adore Sainte-Anne, s’enorgueillit de sa Duchesse Anne, revisite sans cesse l’histoire de la rebelle Marion du Faouët, consulte des guérisseuses, se représente sous les traits d’une bigoudène ne peut qu’accorder aux femmes une place exceptionnelle !

La réalité est plus complexe… et les stéréotypes ne sont jamais bien loin.

1 – Dahut ou le châtiment de la femme libre
2 – Sainte-Anne, la “grand-mère des Breton•nes”
3 – Vies et légendes de Marion du Faouët
4 – Naïa, la sorcière de Rochefort-en-Terre
5 – Sous la coiffe des bigoudènes

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Notices biographiques

Dahut ou Dahud : personnage du légendaire breton, elle est la fille de Gradlon, roi de Cornouaille. Sur la ville d’Ys, elle règne en femme libre et change d’amant tous les soirs, ce qui lui vaudra comme punition la submersion de son royaume. Dans la mythologie celte, Dahut était un personnage inspiré de la figure d’une déesse mère. La religion catholique a par la suite modifié son image, en en faisant une incarnation du péché.

Anne de Bretagne (1477, Nantes – 1514, Rennes): duchesse de Bretagne dont le mariage, à l’âge de 14 ans, avec Charles VIII, puis avec Louis XII, sont des étapes marquantes dans l’union du duché au royaume de France. Elle meurt reine en 1514, malade et usée par de nombreuses maternités et fausses couches. Personnage historique extrêmement populaire en Bretagne, elle a inspiré de multiples créations, a donné son nom à des bâtiments, rues, sites historiques… Sa mémoire s’est transformée en mythe et traverse l’imaginaire collectif, avec des traits de personnalité et des intentions très variables.

Sainte-Anne : sainte parmi les saints bretons de l’Armorique primitive, elle fait l’objet d’une christianisation et est assimilée à la mère de la Vierge Marie. Différentes légendes font aussi d’elles une princesse bretonne. Vénérée entre autres à Sainte-Anne-la-Palud dans le Finistère et à Sainte-Anne-d’Auray dans le Morbihan, elle est la sainte patronne de la Bretagne depuis le 19è siècle, ce qui lui vaut le surnom de “Mamm gozh ar Vretoned”, la “grand-mère des Bretons”. 

Marie-Louise Tromel, dite Marion du Faouët (1717, Le Faouët – 1755, Quimper) : voleuse par nécessité dans son enfance, puis voleuse de grand chemin, elle prend la tête d’une bande de brigands qui dépouille négociants, commerçants et paysans en Cornouaille. Arrêtée à plusieurs reprises, marquée au fer rouge d’un “V” pour “voleuse”, elle est pendue en 1755. Volontiers idéalisée en Bretagne, elle est souvent présentée comme une “Robin des bois en jupe”, une “brigande au grand coeur”, une “rebelle” réinventée en icône féministe.

Naïa : surnom donné à une femme considérée comme une sorcière et plus probablement guérisseuse, qui a vécu à Rochefort-en-Terre dans le Morbihan au 19è siècle. Un musée des arts fantastiques et visionnaires porte son nom, le Naïa Museum, et sa figure a inspiré des romans jeunesses et des créations musicales.